Le second chapitre. Pour ceux qui veulent lire le début, c'est ici. Sinon, le résumé :

Sam est une adolescente qui fait souvent le même cauchemar, où deux espèces de nymphes lui demandent de l'aide. Or voilà qu'une de ces nymphes essaye de pénétrer chez elle...

     Elle se tenait devant moi, l'air las, avec un sourire en coin. Ses yeux semblaient être toujours sur le point de pleurer. Elle était vêtue d'une robe, bleue elle aussi, qui dévoilait ses longues jambes. Moi, j'étais paralysée par la peur. C'est alors qu'elle me dit :

     « Bonjour, Sam. Comment vas-tu ? »
      Je n'osais pas lui répondre. Comment connaissait-elle mon nom ? Elle entra et s'assit dans un fauteuil, sans que je songe à l'en empêcher.

     « Tu dois sûrement te poser beaucoup de questions à mon sujet. C'est… c'est une longue histoire. Tout d'abord, sache que je m'appelle Eau. Je fais partie d'un groupe que vous autres les humains appelez les Éléments, dont font également partie mes sœurs, Air, Terre et Feu. Ce groupe est divisé en deux. Air et moi sommes des entités pacifiques, bien qu'il nous arrive de faire des faux pas ; mais Terre et Feu, suite à une malédiction, ont des penchants destructeurs. »

     De temps en temps, Eau s'arrêtait pour soupirer et essuyer les quelques larmes qui coulaient sur sa joue.

     « Les rares personnes qui nous ont vues s'en sont inspirés pour leurs ouvrages : on nous appelle nymphes, elfes, ou fées. Si je suis venue ici, c'est parce que j'ai besoin de ton aide, et que tu ne réagissais pas suite aux rêves que je t'ai apportés.
-C'est vous qui m'apportiez mes cauchemars ? Vous ne pouviez pas venir directement ?! Ils ont hanté toutes mes nuits !!, m'écriai-je. Puis, lorsque je me calmai, j'ajoutai : Et puis, comment pourrais-je vous aider ?

-Je suis désolée du mal que cela a pu t'apporter, je ne m'imaginais pas du tout ce que cela pouvait te faire. Chacune de nous a un pouvoir selon sa nature, et Air avait le pouvoir de transmettre des rêves de paix.
-Avait ? Je ne comprends rien à votre histoire !

-Oui, elle est tombée malade, et son pouvoir s'est détraqué. Je suis venue directement après m'être rendue compte du mal que cela te faisait. C'est pour cela que j'ai besoin de ton aide. Air est malade, comme je te l'ai dit, et cela à cause des humains ! »

      Sa voit se brisait au fur et à mesure qu'elle continuait, mais on voyait aussi la colère briller dans ses yeux.

     « A force de trop polluer, ils vont finir par tuer Air ! Et non seulement elle risque de mourir, mais ils ne se rendent pas compte que si elle meurt, ce sera l'apocalypse, car sans elle, aucun être vivant ne peut vivre ! De plus, Terre et Feu, animés par leur malédiction, s'accusent mutuellement de son état. Si cela continue ainsi, les tremblements de terre et les incendies ravageront la planète ! Nous avons besoin de ton aide ! »

 

     Il me fallut un certain temps avant d'assimiler ces informations. Une, puis deux minutes passèrent sans que le moindre mot fut échangé, deux minutes où le silence régnait, quelques fois pourtant brisé par Eau qui reniflait. Quand enfin je me rendis compte que je ne rêvais pas, je m'adressai à Eau en ces termes:

    « -Votre histoire est étrange, et je n'ai aucune raison de vous croire. Quand bien même je vous croyais, et là désolée si je me répète, mais comment pourrais-je vous aider ? Et pourquoi moi ? Une autre personne ferait l'affaire, non ?

-Il nous fallait une personne au cœur pur ! Tu es une la seule personne qui regroupe les qualités que nous cherchions.
-Les qualités, qui sont ?

-La noblesse du cœur pour accepter la mission, la tolérance pour croire en mes dires, le courage de partir à l'aventure, et la langue.
-La langue ?
-Nous autres créatures du monde « fantastique », comme vous l'appelez, n'avons pas comme vous tous ces dialectes différents. Nous sommes une grande communauté éparpillée partout sur la planète, mais notre langue est la même. Elle est d'ailleurs beaucoup plus compliquée que les vôtres, ayant des subtilités que vous ne soupçonnez même pas. Chez nous, pas de « je n'ai pas les mots pour exprimer ce que je ressens », car nous pouvons tout dire. Bizarrement, nous ne réussissons pas à comprendre la simplicité de vos langages. C'est pour cela que le seul que nous parvenons à parler correctement est le français, l'une des langues les plus compliquées du monde… pour vous ! De plus, tu es très réceptive à la magie, ce qui a facilité le travail d'Air, trop fatiguée pour y parvenir sur quelqu'un d'autre.

-Mais que puis-je faire pour vous venir en aide ? Et de quelle « aventure » parliez-vous tout à l'heure ?

-Tu dois te rendre dans la Terre de Feu. Là-bas se trouve Feu, lui seul connaît le remède qui pourrait sauver Air.

-Mais, comment faire ?
-Je vais te donner un Elemil. Fais-y attention, ils sont très rares !

-Un… un quoi ?! »

     Eau soupira. Elle claqua des doigts et un médaillon apparut. Il était composé d'un cercle d'argent, avec des pierres bleu marine, turquoise, vertes et rouge-orangé. Le pendentif était attaché à une chaîne d'or, si fine que de plus loin on aurait pu croire qu'il tenait seul.

     «J'oubliais que vous autres humains ne connaissez pas cet objet. Ce collier, que l'on appelle Elemil, n'est pas n'importe quel vulgaire bijou ! Il permet de passer de la Terre d'un Elément à une autre. Un Elemil est très rare, mais celui-ci est encore plus spécial : il ne contient qu'un seul aller-retour, au lieu des trois réglementaires ! Tu devras donc en user avec soin et précaution ! Tu as un énorme poids sur tes épaules. Je n'ose même pas imaginer ce qui se passera si tu échoues... ce serait… ce serait...»

     Eau ne put finir et s'effondra en larmes. Ne sachant que faire pour apaiser ses pleurs, je me contentai de poser ma main sur son épaule en un geste que j'espérais réconfortant. Quand elle se tourna vers moi pour me demander ma réponse, je relevai la tête d'un air déterminé et lui dis : « J'irais ». Le regard plein de reconnaissance, elle s'apprêtait à m'embrasser quand j'entendis une clé tourner dans la serrure. Mes parents arrivaient ! Paniquée, je me levai, cherchant des yeux un endroit où cacher Eau, consciente que mes ascendants ne me pardonneraient pas d'avoir autorisé une inconnue à pénétrer dans le foyer familial. Mais c'était trop tard ! Ils entraient déjà.